J’ai une bonne nouvelle : nous sommes tous drogués !
En effet, de nombreuses études scientifiques démontrent que les conséquences de la musique sur le cerveau humain sont comparables à celles des drogues psycho actives telles que la cocaïne. La musique utilise l’ensemble des circuits du cerveau qui contrôlent la volonté humaine et le système des récompenses chimiques (études menées par l’Université de Montréal et publiées dans le journal The Guardian). Ecouter sa musique favorite revient à produire plus de dopamine, un neurotransmetteur précurseur de l’adrénaline, avec des effets proches de la cocaïne. “Un son seul ne procurera pas de plaisir s’il est isolé. Par contre, une série de notes arrangées peut devenir une des expériences les plus gratifiantes que les humains aient jamais connues”, décrit Valorie Salimpoor, qui a mené l’étude.
D’autres études telles que celles menées par les neuroscientifiques Den’etsu Sutoo et Kayo Akiyama de l’université de Tsukuba au Japon, ont conclu que la musique est en mesure de réduire l’hypertension artérielle. Ils ont observé un groupe de souris souffrant d’hypertension aux prises avec l’adagio du Divertissement n° 7 en ré majeur de Mozart. Par un effet d’augmentation de la quantité de calcium acheminée vers le cerveau que la musique a stimulé, la production de dopamine est augmentée, qui à son tour inhibe l’activité du système nerveux sympathique (l’un des composants du système nerveux autonome), réduisant ainsi la pression artérielle.
On peut conclure que Mozart garantit aux souris une meilleure santé cardiovasculaire.
On pourrait envisager l’utilisation de la musique pour traiter certains symptômes de la maladie de Parkinson qui est liée entre autres à la production de dopamine. Cependant le taux de dopamine créé est différent pour chacun d’entre nous et on ne peut pas généraliser les effets physiologiques de la musique sur l’homme, pourtant incontestables. Il reste encore beaucoup de choses à prouver quant à l’action de la musique sur un corps vivant.
Hermann Abert, musicologue allemand (1871-1927), spécialiste de la musique antique et de l’histoire de l’opéra (un de ses ouvrages de référence est sa biographie de Mozart) divise la sensibilité musicale en trois aspects (d’après le livre de Massimo Mila : Brève histoire de la musique) : 1) le rythme, 2) la mélodie et 3) la vraie musique.
-Le rythme, partie sensitive de la musique, a une influence physique. Il va entrer en contact avec les rythmes corporels personnels de l’auditeur, notamment les rythmes cardiaque et respiratoire. Notre système physiologique va être influencé ainsi que notre système sympathique. En musicothérapie, le psychiatre et psychanalyste Rolando Omar Benenzon découvre dans les années 90 le « principe de l’Iso » qui démontre que la correspondance entre le tempo d’une œuvre musicale et celui de l’auditeur est capitale pour le succès d’une thérapie. Il établit que « les caractéristiques musicales doivent correspondre aux caractéristiques psychiques du patient… Si le tempo musical et le tempo intérieur ne correspondent pas, c’est-à-dire lorsque nous tentons d’entrer en contact avec un patient maniaque (dont le tempo intérieur et accéléré) au moyen d’un tempo musical lent, triste… alors nous provoquons un retrait immédiat ou simplement une indifférence totale. »
-La mélodie a une influence et une efficacité émotive et affective. A l’écoute active (en prêtant attention) on fabrique une hormone appelée ocytocine et qui nous donne un sentiment de calme et de sérénité. Elle a également un effet vasodilatateur qui fait baisser la pression artérielle en augmentant le sentiment de bien-être.
-La vraie musique, soit la contemplation artistique. D’après Abert, pour les Grecs la musique avait de la valeur seulement quand elle touchait leur âme et leur volonté. Ce n’est pas pour rien que les philosophes et les politiques se sont préoccupés de cette force mystérieuse !
La musique peut donc modifier nos états d’âme et notre volonté !
Au-delà de ce qui nous touche dans les paroles d’une chanson (souvent parce qu’elles disent en peu de mots ce qu’on n’arrive pas à dire avec nos propres paroles), la musique nous fait tous vibrer, à travers différents styles. Elle s’écoute dans toutes les positions : débout, allongé, couché, tête en bas, éventuellement… Mais malgré vous, elle s’écoute avec tout le corps :
-les yeux voient : en posant votre regard sur un objet se trouvant devant vous ou en laissant votre vision intérieure voir tout ce que la musique vous inspire.
-les deux oreilles absorbent les sons.
-les mains et les pieds ont souvent tendance à battre le rythme.
-le corps entier vibre et respire avec la musique.
-le cerveau suit les différents reliefs de la musique.
-le cœur se met en harmonie avec les rythmes scandés et le tempo du morceau.
Voilà une drogue moralement acceptable et même recommandée ! Faites-vous du bien, surtout !
Partagez vos impressions. Avez-vous des rituels quand vous écoutez de la musique ?