On l’appelait : « Mademoiselle »

 

41eGUUUZelL._SX324_BO1,204,203,200_Un professeur dépend de la qualité de ses élèves.

Qui n’a jamais entendu parler de Nadia Boulanger, l’une des plus complètes musiciennes et l’une des plus grandes pédagogues du XXe siècle ? D’une personnalité envoûtante, elle a influencé les plus grands musiciens qui ont eu la chance de l’approcher et de l’entendre non seulement parler de musique, mais prodiguer un art de vivre conciliant une conscience de soi et l’attention au monde. Au-delà de son temps, elle continue à nous guider et nous instruire sur l’importance d’exercer sa mémoire, sur le désir et le plaisir qui sont le moteur dans le travail, quel que soit l’âge et le contexte de vie de chacun.

 

Dans le fascinant livre d’entretiens réalisés par Bruno Monsaingeon, elle livre sa vision de la musique et de la vie passée à la servir. On y trouve de nombreuses pensées très précieuses, à mon avis. Je vous en mets quelques-unes ci-dessous :

Le privilège très grand d’enseigner consiste à amener celui qu’on enseigne à regarder réellement ce qu’il pense, à dire réellement ce qu’il veut et à entendre nettement ce qu’il entend ; d’où vient la nécessité d’un entraînement très grand dans la vie : la connaissance des mots.

J’ai un jour entendu un linguiste dire : « J’admets qu’on écrive ce que l’on veut, dans le style que l’on veut, à condition de sauvegarder deux éléments : la continuité horizontale qu’apportent les voyelles et la structure qu’apportent les consonnes. » Eh bien, c’est exactement cela. Un élève qui n’a pas été préparé complètement dans ce sens entend l’extérieur de la musique, mais n’entend pas d’une manière indépendante les lignes intermédiaires.

Toute connaissance doit répondre à une curiosité.

Tout ce qui nous fait vivre dans la compagnie des grands esprits, des esprits animés par des grands motifs, nous aide à faire bon marché du journalier ; si nous avons appris beaucoup de choses par cœur, nous avons toujours une compagnie. Et quelle compagnie ! La compagnie royale des grands chefs-d’œuvre à travers les siècles.

On ne considère pas, dans l’éducation la plus élémentaire, que d’apprendre à entendre est un droit que tout enfant a en naissant. On lui fait voir, on lui fait sentir un peu, on lui fait choisir, mais entendre, pas. Tout enfant, à partir de quatre ans, sait ce qu’est sa main droite et ce qu’est sa main gauche. Il connaît les couleurs. Je ne comprends pas pourquoi il ne connaîtrait pas les sons, même s’il ne doit jamais devenir musicien.

Ce livre n’est pas à proprement parler seulement sur l’art de jouer du piano. Mais tout ce qui s’y trouve s’applique indubitablement à cet instrument ainsi qu’à tous les domaines de la vie.

Vous trouverez ce livre ici .

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À découvrir, également, l’auteur de ces entretiens :

Bruno Monsaingeon (violoniste, écrivain et réalisateur) a consacré une grande partie de sa vie à la réalisation de films musicaux en continuant à donner des concerts. Nous lui devons des précieux témoignages filmés ou écrits des plus grands musiciens tels que : David Oïstrakh, Svjatoslav Richter, Dietrich Fischer-Dieskau, Yehudi Menuhin, Glenn Gould, Murray Perahia et beaucoup d’autres encore.

Je vous invite à consulter son site extrêmement intéressant (vous y trouverez toutes les références des films musicaux qu’il a réalisé):

http://www.brunomonsaingeon.com/FR/INTERPRETES/BOULANGER.html

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Bonne lecture !

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