Comment travailler le « Clair de lune » de Ludwig van Beethoven en 4 points !
Qu’est-ce que vous allez pouvoir améliorer avec ce morceau ? Comment s’organiser pour l’apprendre ? Quels sont les points sur lesquels il faudra porter son attention ? Dans quel ordre vous pouvez les aborder ?
La Sonate op. 27 nr. 2 quasi una fantasia en do # min. de Beethoven (dédiée alla Damigella Giulietta Guicciardi, que le compositeur s’était mis à aimer avec passion sans espoir de réciprocité) est connue sur la planète entière sous un nom qui lui fut donné par le poète L. Rallstab (contemporain de Beethoven) pour qui cette musique évoquait une promenade nocturne. La Sonate eut également le nom de Sonate de la tonnelle, certains prétendaient qu’il l’eût écrit sous une tonnelle justement. Liszt caractérisait le 2ème mouvement : Une fleur entre deux abîmes.
Voici une page manuscrite du premier mouvement de cette sonate :
J’aime beaucoup cette version de Claudio Arrau (intégrale) :
Nous allons voir seulement le premier mouvement adapté pour les premières années de piano dont vous avez la partition ici (adapté dans la tonalité de la mineur pour la fin de la première année ou la deuxième année de piano).
L’égalité rythmique des croches en triolet, à la main droite ainsi qu’à la main gauche.
Un toucher léger et fondu.
La projection de la mélodie et la différenciation entre la mélodie et l’accompagnement.
L’écoute des basses et la résonnance du piano.
–Vous pouvez jouer le morceau une première fois, extrêmement lentement, mains séparées ou mains ensemble pour découvrir les notes. Dans cette phase vous pouvez déjà observer que la mélodie n’apparaît qu’à la dixième mesure et que jusque-là vous avez de l’accompagnement partagé entre la main droite et la main gauche. Faites attention : jusqu’à la mesure dix, vos deux mains sont en clé de FA ! Jouez plusieurs fois le morceau en entier ou par petits fragments (le même jour ou sur plusieurs jours) jusqu’à ce que les notes vous soient plus familières.
Mettez les points suivants en place dans l’ordre écrit sans vous presser, laissez le temps au morceau de mûrir. Et surtout n’essayez pas de tout faire en même temps. Chaque étape prend plusieurs jours. Alors : PATIENCE !
-Vous êtes alors prêts pour aborder notre point 1 : soit l’égalité rythmique nécessaire aux croches de triolet que vous avez parfois à la main droite, parfois à la main gauche. Ce morceau n’est pas rapide. C’est un Adagio (soit lent) !
Enclenchez le métronome sur la vitesse 44 (très lent) et jouez une croche pour chaque TAC du métronome (mains ensemble ou séparées). Si vous avez au départ des difficultés à rester en rythme avec lui c’est tout à fait normal, il faut un moment d’adaptation (parfois plusieurs jours, voire des mois…) jusqu’à ce que vous puissiez jouer avec lui sans vous décaler. Il ne faut pas se décourager mais persévérer. Si vous avez commencé mains séparées, vous pouvez ensuite essayer mains ensemble.
Conseil : si vous observez un décalage, ne vous arrêtez pas forcément pour reprendre depuis le début. Essayer de continuer à jouer mais en corrigeant et récupérant le métronome, en essayant d’être avec lui. L’idéal serait d’être à l’aise au point de donner l’impression que c’est le métronome qui est avec vous…
Une fois que la vitesse de 44 est stable partout et que vous vous sentez à l’aise avec les croches régulières dans tout le morceau (les passages plus difficiles demandent à être entraînés plus de fois que les passages faciles ! ) vous pouvez augmenter la vitesse de deux petits crans pour arriver à 48. Vous restez dans cette phase autant de temps qu’il vous faut pour vous sentir familiarisé avec la régularité dans tout le morceau.
Vous pouvez augmenter votre vitesse par deux petits crans, jusqu’à arriver vers 112, ce que, bien sûr, vous allez faire sur plusieurs jours, voir plusieurs semaines.
–Point 2 : si on regarde les nuances de ce morceau, on constate qu’elle ne sont jamais fortes mais très douces (surtout pour l’accompagnement).
Avant tout, imaginez quel type de son vous aimeriez entendre. Il doit être intime, comme une confidence. Pour obtenir un tel son, il faut jouer sans s’aggriper aux touches, sans frapper avec trop d’énergie ou appuyer avec trop de pression. En caressant avec le bout de vos doigts les touches et en sentant leur poids vous allez modeler votre son, à l’image d’un objet que vous fabriqueriez avec de la pâte à modeler. Observez comme la moindre variation d’énergie de la part de vos doigts modifie la couleur du son ! Cherchez à obtenir de la légèreté (en donnant avec le doigt assez d’élan à la touche pour que le son soit audible) ainsi qu’un côté feutré en utilisant la partie charnue du coussinet de votre doigt (mains assez ouverte) et non pas le côté très osseux derrière l’ongle (en position trop perpendiculaire à la touche) qui apporterait trop de brillant.
–Point 3 : la mélodie et l’accompagnement ont deux rôles différents. La mélodie est ce qu’on devrait pouvoir suivre et chantonner, la partie soliste. L’accompagnement est là pour embellir la mélodie, pas pour lui faire concurrence ou la couvrir.
Conseil : habituez-vous à tout prix à désirer entendre la mélodie se dégager ! Si vous le désirez très fortement, votre cerveau va donner l’ordre aux doigts d’obtenir l’effet désiré.
Dans ce morceau, la mélodie (main droite à partir de la mesure dix) doit être jouée en mezzoforte, soit moyennement fort. Elle a un son qui doit se développer plus, aller loin dans l’espace ; un peu comme un rayon de soleil qui traverse l’atmosphère. Jouez-là avec un doigt qui a de l’élan (pas trop, voir point 2…). Pour faire la différence entre les deux mains, l’accompagnement sera donc moins fort, en nuance piano. Vous devez sentir que la main droite donne un peu plus d’attaque, d’énergie que la main gauche. Si vous avez du mal à faire la différence de toucher en jouant mains ensemble, faites-le d’abord mains séparées pour sentir exactement combien d’énergie vous donnez à chaque main.
Si vous doutez de pouvoir le faire, vous pouvez prendre votre genou gauche dans la main gauche et votre genou droit dans la main droite. Serrez fort à droite (sans vous crisper) et faiblement à gauche. Si vous pouvez le faire sur vos genoux, vous pouvez le faire sur le piano 😉 !
N’oubliez pas : personne n’y est parvenu dès la première fois. Alors : persévérez !
-La beauté du son d’un piano qui résonne bien vient de l’équilibre entre les différents registres et de la mise en valeur de l’harmonie (les accords) dont la note la plus déterminante est : LA BASSE (la note la plus grave). Pour notre point 4 vous allez devoir donner de l’attention à la résonnance qu’a ce son. Jusqu’à la mesure dix, vous n’avez qu’une note à la main gauche mais après vous devrez apprendre à différencier la première des notes du triolet de croches. Aidez-vous avec un petit mouvement de bras pour entrer dans le piano sur le cinquième doigt, de manière à ce que le son ne soit pas trop faible. Il ne doit évidemment pas couvrir la mélodie mais vous devez avoir le sentiment que le piano s’ouvre et qu’il vous inonde d’une vague de chaleur.
Faites-vous plaisir à avancer chaque jour un peu ! Ne soyez surtout pas trop dur avec vous-même si ça ne vient pas tout de suite ! L’important c’est de mettre un pas après l’autre. Vous verrez que les résultats seront là pour tous ceux qui ne l’ont pas fait n’importe comment. Planifiez, appliquez, persévérez ! Vous recueillerez les fruits de vos efforts.
Laissez-moi vos commentaires ou vos questions ! J’essayerai d’y répondre avec grand plaisir.
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Comment travailler le « Clair de lune » de Ludwig van Beethoven en 4 points !
Qu’est-ce que vous allez pouvoir améliorer avec ce morceau ? Comment s’organiser pour l’apprendre ? Quels sont les points sur lesquels il faudra porter son attention ? Dans quel ordre vous pouvez les aborder ?
La Sonate op. 27 nr. 2 quasi una fantasia en do # min. de Beethoven (dédiée alla Damigella Giulietta Guicciardi, que le compositeur s’était mis à aimer avec passion sans espoir de réciprocité) est connue sur la planète entière sous un nom qui lui fut donné par le poète L. Rallstab (contemporain de Beethoven) pour qui cette musique évoquait une promenade nocturne. La Sonate eut également le nom de Sonate de la tonnelle, certains prétendaient qu’il l’eût écrit sous une tonnelle justement. Liszt caractérisait le 2ème mouvement : Une fleur entre deux abîmes.
Voici une page manuscrite du premier mouvement de cette sonate :
J’aime beaucoup cette version de Claudio Arrau (intégrale) :
Nous allons voir seulement le premier mouvement adapté pour les premières années de piano dont vous avez la partition ici (adapté dans la tonalité de la mineur pour la fin de la première année ou la deuxième année de piano).
–Vous pouvez jouer le morceau une première fois, extrêmement lentement, mains séparées ou mains ensemble pour découvrir les notes. Dans cette phase vous pouvez déjà observer que la mélodie n’apparaît qu’à la dixième mesure et que jusque-là vous avez de l’accompagnement partagé entre la main droite et la main gauche. Faites attention : jusqu’à la mesure dix, vos deux mains sont en clé de FA ! Jouez plusieurs fois le morceau en entier ou par petits fragments (le même jour ou sur plusieurs jours) jusqu’à ce que les notes vous soient plus familières.
Mettez les points suivants en place dans l’ordre écrit sans vous presser, laissez le temps au morceau de mûrir. Et surtout n’essayez pas de tout faire en même temps. Chaque étape prend plusieurs jours. Alors : PATIENCE !
-Vous êtes alors prêts pour aborder notre point 1 : soit l’égalité rythmique nécessaire aux croches de triolet que vous avez parfois à la main droite, parfois à la main gauche. Ce morceau n’est pas rapide. C’est un Adagio (soit lent) !
Enclenchez le métronome sur la vitesse 44 (très lent) et jouez une croche pour chaque TAC du métronome (mains ensemble ou séparées). Si vous avez au départ des difficultés à rester en rythme avec lui c’est tout à fait normal, il faut un moment d’adaptation (parfois plusieurs jours, voire des mois…) jusqu’à ce que vous puissiez jouer avec lui sans vous décaler. Il ne faut pas se décourager mais persévérer. Si vous avez commencé mains séparées, vous pouvez ensuite essayer mains ensemble.
Conseil : si vous observez un décalage, ne vous arrêtez pas forcément pour reprendre depuis le début. Essayer de continuer à jouer mais en corrigeant et récupérant le métronome, en essayant d’être avec lui. L’idéal serait d’être à l’aise au point de donner l’impression que c’est le métronome qui est avec vous…
Une fois que la vitesse de 44 est stable partout et que vous vous sentez à l’aise avec les croches régulières dans tout le morceau (les passages plus difficiles demandent à être entraînés plus de fois que les passages faciles ! ) vous pouvez augmenter la vitesse de deux petits crans pour arriver à 48. Vous restez dans cette phase autant de temps qu’il vous faut pour vous sentir familiarisé avec la régularité dans tout le morceau.
Vous pouvez augmenter votre vitesse par deux petits crans, jusqu’à arriver vers 112, ce que, bien sûr, vous allez faire sur plusieurs jours, voir plusieurs semaines.
–Point 2 : si on regarde les nuances de ce morceau, on constate qu’elle ne sont jamais fortes mais très douces (surtout pour l’accompagnement).
Avant tout, imaginez quel type de son vous aimeriez entendre. Il doit être intime, comme une confidence. Pour obtenir un tel son, il faut jouer sans s’aggriper aux touches, sans frapper avec trop d’énergie ou appuyer avec trop de pression. En caressant avec le bout de vos doigts les touches et en sentant leur poids vous allez modeler votre son, à l’image d’un objet que vous fabriqueriez avec de la pâte à modeler. Observez comme la moindre variation d’énergie de la part de vos doigts modifie la couleur du son ! Cherchez à obtenir de la légèreté (en donnant avec le doigt assez d’élan à la touche pour que le son soit audible) ainsi qu’un côté feutré en utilisant la partie charnue du coussinet de votre doigt (mains assez ouverte) et non pas le côté très osseux derrière l’ongle (en position trop perpendiculaire à la touche) qui apporterait trop de brillant.
Jouez avec vos enfants!
–Point 3 : la mélodie et l’accompagnement ont deux rôles différents. La mélodie est ce qu’on devrait pouvoir suivre et chantonner, la partie soliste. L’accompagnement est là pour embellir la mélodie, pas pour lui faire concurrence ou la couvrir.
Conseil : habituez-vous à tout prix à désirer entendre la mélodie se dégager ! Si vous le désirez très fortement, votre cerveau va donner l’ordre aux doigts d’obtenir l’effet désiré.
Dans ce morceau, la mélodie (main droite à partir de la mesure dix) doit être jouée en mezzoforte, soit moyennement fort. Elle a un son qui doit se développer plus, aller loin dans l’espace ; un peu comme un rayon de soleil qui traverse l’atmosphère. Jouez-là avec un doigt qui a de l’élan (pas trop, voir point 2…). Pour faire la différence entre les deux mains, l’accompagnement sera donc moins fort, en nuance piano. Vous devez sentir que la main droite donne un peu plus d’attaque, d’énergie que la main gauche. Si vous avez du mal à faire la différence de toucher en jouant mains ensemble, faites-le d’abord mains séparées pour sentir exactement combien d’énergie vous donnez à chaque main.
Si vous doutez de pouvoir le faire, vous pouvez prendre votre genou gauche dans la main gauche et votre genou droit dans la main droite. Serrez fort à droite (sans vous crisper) et faiblement à gauche. Si vous pouvez le faire sur vos genoux, vous pouvez le faire sur le piano 😉 !
N’oubliez pas : personne n’y est parvenu dès la première fois. Alors : persévérez !
-La beauté du son d’un piano qui résonne bien vient de l’équilibre entre les différents registres et de la mise en valeur de l’harmonie (les accords) dont la note la plus déterminante est : LA BASSE (la note la plus grave). Pour notre point 4 vous allez devoir donner de l’attention à la résonnance qu’a ce son. Jusqu’à la mesure dix, vous n’avez qu’une note à la main gauche mais après vous devrez apprendre à différencier la première des notes du triolet de croches. Aidez-vous avec un petit mouvement de bras pour entrer dans le piano sur le cinquième doigt, de manière à ce que le son ne soit pas trop faible. Il ne doit évidemment pas couvrir la mélodie mais vous devez avoir le sentiment que le piano s’ouvre et qu’il vous inonde d’une vague de chaleur.
Faites-vous plaisir à avancer chaque jour un peu ! Ne soyez surtout pas trop dur avec vous-même si ça ne vient pas tout de suite ! L’important c’est de mettre un pas après l’autre. Vous verrez que les résultats seront là pour tous ceux qui ne l’ont pas fait n’importe comment. Planifiez, appliquez, persévérez ! Vous recueillerez les fruits de vos efforts.
Laissez-moi vos commentaires ou vos questions ! J’essayerai d’y répondre avec grand plaisir.