Les oiseaux, les enfants
Sont toujours en vacances
À cause de leur vol
Et de leur innocence…
Yves Nat
Nous allons honorer ici une dette envers ce pianiste, compositeur et poète ouvert aux sensations, aux bonheurs concrets à la portée intemporelle, d’une grande chaleur communicative, né à Béziers (France) le 29 décembre 1890 et mort à Paris le 31 août 1956.
Le beau son vient du cœur. La sonorité est un reflet de l’âme, elle se mérite, le timbre révèle l’homme. Yves Nat
Imaginez un peu ce parcours : il improvise à l’orgue à six ans, à sept ans il joue par cœur tout le Clavier bien tempéré de J.S. Bach, il compose déjà à cet âge et donne des concerts par lesquels Saint-Saëns et Fauré le remarquent. En vrai globe-trotter il a pour partenaire Claude Debussy, George Enesco, Eugène Ysaÿe, Ricardo Viñes etc… Je vous laisse découvrir le reste de sa biographie dans ce magnifique livre :
Que vous trouverez ici : http://www.editionsbdl.com/fr/books/yves-nat-un-musicien-de-lgende/248/
Lors d’un récital de ce grand schumannien-beethovenien-debussyste, Wilhelm Kempff disait à l’oreille de Walter Gieseking (deux immenses pianistes du XXe) : Quelle leçon il nous a donné…
Il fut, en France, le premier à enregistrer les 32 Sonates de Beethoven. Son répertoire privilégiait les compositeurs germaniques, pourtant mal-aimés des français depuis les conflits Allemagne-France de 1870 et 1914.
Tout pour la musique, rien pour le piano. Yves Nat
Le livre de Mona Reverchon, en conversation avec sa professeur Chantal Auber (elle-même élève de Nat), très facile à lire, est une mine d’informations. Il nous révèle l’artiste intime, un homme intègre et ennemi du succès facile. Chantal Auber nous livre ici les conseils précieux du grand pédagogue sur l’interprétation, les doigtés, les timbres, l’exécution des trilles, placement de la main, le legato (sans le faire par le doigt lieur), le rallentando par le son (et non pas par le tempo) etc… Nat parlait de la métatechnique : il faut penser une difficulté en fonction de sa place dans la musique ; le doigté est la pierre de touche de la pianistique… (voir également ses Carnets remplis d’informations et de réflexions sur la technique pianistique et l’interprétation). Parmi ses élèves les plus célèbres il y eut : Jörg Demus (son fils spirituel), Pierre Sancan (concertiste, compositeur et l’un des plus grands pédagogues français du piano), Geneviève Joy (épouse d’Henri Dutilleux), Lucette Descaves (concertiste et pédagogue), Jean-Bernard Pommier, etc…
Préoccupé par le phénomène vibratoire de l’écriture instrumentale, ses compositions sont habitées par une vision modale :
–Six préludes pour piano
–Concerto pour piano
–Berceuse pour un nénuphar, Cloches, Clown, Pour un petit Moujik (pièces pour piano)
–Sonatine pour piano
–Fantaisie pour orchestre
–L’Enfer pour chœur et orchestre
-beaucoup de Mélodies (certaines sur ses propres poèmes)
-orchestrations : La terrasse des audiences du clair de lune, prélude de Debussy
Mais cette âme noble et éprise de la nature écrivait également une poésie des plus sensibles. Amoureux de Rimbaud, ami de Max Jacob et de Théophile Bruant, Yves Nat disait que la musique et la poésie sont un même art. Avec l’élément aquatique présent sous toutes ses formes, sa poésie tendre et lumineuse s’inspire de la peinture.
Comme s’il pleurait du soir…
Il pleut de l’ombre comme du rêve
Et l’âme de Schumann rêve
Parmi la symphonie de l’ombre
Et Clara joue pianissimo des doigts
Pour ne pas réveiller la pénombre.
Yves Nat
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