Féerique, magique, prodigieux…

220px-Aloysius_Bertrand« Gaspard de la Nuit, Fantaisie à la manière de Rembrandt et de Callot » poème en prose, œuvre posthume publiée par son ami sculpteur David d’Angers en 1842.

Louis Jacques Napoléon Bertrand, dit Aloysius Bertrand, poète (inventeur du poème en prose qui inspira Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont, etc..), dramaturge et journaliste français (1807-1841).

L’œuvre est structurée en trois livres qui offrent une représentation gothico-romantique du Moyen Âge. Des sujets tels que le rêve, les fées, les aventuriers, les vagabonds, l’alchimie, les démons, la mort, la folie, le diable, les églises gothiques, le Christ, les châteaux peuplent ces pages, réunis dans des visions fantasques non sans lien avec la technique picturale du clair-obscur sous-entendue dans le sous-titre. C’est un fruit de l’inconscient du poète qui oscille entre rêve et réalité, entre sonore et visuel, en abolissant les frontières des genres artistiques et littéraires.

« Ondine » (extrait) :

« Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l’air.

– Écoute ! – Écoute ! –Mon père bat l’eau coassante d’une branche d’aulne verte, et mes sœurs caressent de leurs bras d’écume les fraîches îles d’herbe, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne. »

« Un rêve » (extrait) :

« Il était nuit. Ce furent d’abord, -ainsi j’ai vu, ainsi je raconte, -une abbaye aux murailles lézardées par la lune, -une forêt percée de sentiers tortueux, -et le Morimont grouillant de capes et de chapeaux.

Ce furent ensuite, -ainsi j’ai entendu, ainsi je raconte, -le glas funèbre d’une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d’une cellule, -des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque feuille le long d’une ramée, -et les prières bourdonnantes des pénitents noirs qui accompagnent un criminel au supplice. »

         Gaspard-de-la-nuit

 Le « Gaspard de la nuit » du compositeur Maurice Ravel (1875-1937) est un triptyque pour piano inspiré par trois poèmes de l’œuvre d’Aloysius Bertrand, composé en 1908 et créé en 1909 par le pianiste Ricardo Viñes. L’œuvre date d’une époque à laquelle le père de Ravel était très malade, proche de la mort, ce qui déprimait profondément le compositeur.

Son extrême difficulté et sa beauté en ont fait l’une des œuvres les plus emblématiques de son auteur. Sa durée d’exécution approche les 25 minutes.

Ondine : conte d’une nymphe des eaux apparaissant à la fenêtre d’un humain (morceau très rêveur, parfois sourdement agité et très enchanteur, d’une virtuosité transcendante).

Le gibet : il est question de la carcasse d’un pendu au coucher du soleil (c’est un morceau hypnotique qui baigne dans une atmosphère blafarde et lunaire).

Scarbo, petit gnome diabolique et facétieux, porteur de funestes présages apparaissant en songe au dormeur (éblouissant morceau pianistique, d’une grande rigueur rythmique, qui va au-delà de ce qu’on croyait alors possible dans la technique moderne du piano).

 Quelques enregistrements célèbres :

  • Marcelle Meyer (1954)
  • Arturo Benedetti Michelangeli (live BBC 1959, live Prague 1960. Live Lugano 1968, live Rome 1987)
  • Samson François (1967)
  • Claudio Arrau (live Lugano 1963)
  • Vlado Perlemuter (1973)
  • Alexandre Tharaud (2003)
  • Et d’autres encore…

Ravel n’a pas prévu d’orchestration pour cette œuvre. Le chef d’orchestre Marius Constant a relevé le défi en 1990.

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